Les compétences relationnelles pour survivre dans un monde imprévisible

Les compétences relationnelles pour survivre dans un monde imprévisible

Mar 04, 2024

Depuis la révolution industrielle, notre obsession de toujours en faire plus (avec moins!) a été marquée par une quête incessante d'efficience et de productivité.  

Nos organisations se sont lancées dans des cycles continus d'innovations et de transformations, standardisant, attribuant, et distribuant les tâches.  De l’automatisation à la mécanisation, des chaînes d'approvisionnement au numérique, dans le but d'optimiser nos opérations.  

En effet, l'efficience se révèle utile lorsque, de manière précise, elle parvient à anticiper nos besoins. Toutefois, dès qu'une situation exceptionnelle survient - qu'il s'agisse d'une crise, d'un imprévu ou simplement d'une variation inhabituelle - cette efficience n'est plus notre alliée. 

Si une gestion ultra-efficiente semblait être la solution idéale, ce paradigme a désormais changé. Au cours des 20 ou 30 dernières années, notre monde s'est transformé en un environnement volatile, imprévisible, complexe et ambigu. Les changements s'accélèrent, expliquant ainsi la réticence des experts à établir des prédictions au-delà de 400 jours. Cette transition vers l'incertitude altère fondamentalement notre capacité à anticiper à long terme. 

Cela sous-entend que des tendances existent, mais qu'elles ne suivent pas de schéma régulier.  Cela signifie que les moindres changements peuvent entraîner des répercussions disproportionnées. Cela démontre également que la simple expertise n'est plus suffisante face à des systèmes en perpétuelle mutation, et que la capacité à gérer l'imprévu est devenue essentielle. 

Dans cet univers imprévisible, l'efficience devient contreproductive.  

Alors, comment envisager l'avenir ? Quelles compétences devrions-nous cultiver ?  

Dans un environnement professionnel dynamique, des stratégies spécifiques sont nécessaires pour naviguer l’incertitude, l’ambiguïté et l’inconfort : 

 

Se préparer 

Nous savons que des crises surviendront, mais leurs lieu, moment et nature demeurent incertains. Impossible de planifier. Mais nous pouvons nous préparer.   

Autrefois, notre approche se fondait sur une gestion probable, linéaire et temporelle, mais désormais, nous devons penser en termes de "au cas où". Il s'agit d'anticiper les événements à venir sans avoir la capacité de les prédire précisément. 

Les concepts axés sur l'efficience et la productivité ne s'adaptent plus à un environnement imprévisible.  Ce n'est plus le temps de simplement suivre un plan établi, mais d’être prêt à changer de cap en fonction des circonstances.  

Certes, il est efficient d'avoir peu de gaspillage, peu de stock, peu de capital humain, peu de défauts, … mais c'est cela qui nous a rendus fragiles. Mobiliser des ressources (humaines, financières, matérielles, etc.) ne semble ni efficient ni productif, mais c'est robuste, car cela nous protège des surprises. 

Notre préparation repose donc dans l’adoption de plans multiples– A, B, C… – , sans miser sur un seul et en sachant pertinemment que certains d'entre eux ne seront peut-être jamais déployés. Cette approche, bien que non efficiente, se révèle efficace en offrant une plus grande variété de choix et une adaptabilité accrue.  

Cela signifie diversifier les stratégies, s'ouvrir aux changements et renforcer les fondations. 

 

Bâtir des relations de confiance 

La confiance et les relations interpersonnelles deviennent des piliers essentiels de cette approche évolutive. Établir des relations de confiance requiert du temps, une ressource précieuse, surtout en temps de crise. Bâtir des alliances solides et renforcer les liens de loyauté et de solidarité en amont, tout en sachant que certaines ne seront jamais sollicitées.  

Ce processus peut sembler contreproductif à court terme, puisque potentiellement coûteux en temps, en effort et en ressources supplémentaires. Cependant, il s’avère un investissement inestimable pour affronter des défis imprévus et mieux se préparer contre les chocs à venir. 

 

Tenter des expériences 

Les expérimentations jouent également un rôle clé dans cette adaptation continue. Tester de nouvelles approches, même si elles semblent peu efficientes au départ. Cette exploration nous fournit des enseignements précieux sur ce qui fonctionne réellement dans des environnements en constante évolution.  

Il est souhaitable de diversifier votre éventail d'idées et d'expériences à tester, à mettre en œuvre (ou à abandonner) pour gérer les risques potentiels. En gardant à l'esprit que toutes les expériences ne se soldent pas nécessairement par des succès, il est essentiel de s'autoriser à commettre des erreurs et de savoir quand changer de cap. 

 

Investir dans notre humanité 

Une autre dimension fondamentale est la prise de conscience de l'importance des compétences humaines.  À mesure que la technologie prend de l'ampleur, il est primordial de ne pas minimiser l'importance des compétences relationnelles. 

À mesure que nous confions à la technologie des tâches qui étaient jadis accomplies par des humains, nous risquons de perdre notre capacité à penser par nous-mêmes. À chaque fois que nous sollicitons la technologie pour nous orienter dans nos choix ou guider nos décisions, nous déléguons à une machine ce que nous pourrions faire par nous-mêmes.  

Dans ce contexte d'incertitude croissante, des aptitudes humaines telles que la créativité, le courage, la compassion et la résilience deviennent nos atouts les plus précieux.  Pourtant, notre dépendance grandissante à la technologie risque d'affaiblir ces compétences et nous rendre plus vulnérables face à la complexité. 

Les technologies visent essentiellement à reproduire une réalité standardisée dans un monde infiniment imprévisible. Rétablir l'équilibre entre l'efficience technologique et le développement humain est fondamental pour préserver la capacité d'adaptation essentielle dans un contexte d'imprévisibilité. 

 

Se réapproprier de son temps 

La dernière, mais en réalité la première, facette essentielle pour survivre dans un monde imprévisible est de se réapproprier de son temps. 

Car pour se préparer, bâtir des relations de confiance, tenter des nouvelles expériences et investir dans notre humanité, il nous faut du temps. Si nous sommes soumis aux événements, nous serons réactifs plutôt que proactifs dans notre capacité d'adaptation, d'évolution et d'invention. 

Et c’est justement ce qui m’inquiète. Sommes-nous réellement en possession de ce temps dans cette course effrénée vers la productivité et l'efficience ? Je vous entends déjà : 

  • « Je n’ai pas le temps. » 
  • « J’ai trop de choses à faire. » 
  • « Ce n'est pas efficient. » 

Cependant, lors des crises et des turbulences qui nous mettent au pied du mur, qu’est-ce qui nous maintient à flot ne découle ni des données ni de la technologie.  Ce sont nos relations, notre préparation, notre état d’esprit, notre fortitude, notre courage et notre résilience qui nous poussent à avancer et à persévérer dans l’adversité. 

Si nous ne prenons pas le temps de cultiver ces compétences, où trouverez-vous les outils nécessaires pour naviguer dans des eaux agitées? 

Plus l'avenir est incertain, plus ces compétences deviennent essentielles. 

Ces approches ne sont pas nécessairement efficientes, mais elles s'avèrent efficaces, offrant une souplesse, une adaptabilité et une agilité bien plus précieuses. 

L'avenir ne peut être prédit ni cartographié avant d'être vécu. 

C’est à nous de cultiver l'état d’esprit propice, d'explorer de nouvelles expériences, de puiser dans le courage, l'inventivité et l'esprit d'exploration.  

Si nous les laissons dépérir, nous risquons de nous affaiblir.  

En les aiguisant et en les développant, nous aurons l'opportunité de façonner l'avenir selon nos propres choix et aspirations. 

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