Co-construire efficacement

Travailler en équipe semble aller de soi. Pourtant, combien de fois avons-nous vécu ces projets où, malgré la bonne volonté de chacun·e, les choses avancent à contretemps ? L’un refait ce qu’un autre avait déjà fait, certains attendent des consignes qui n’arrivent jamais, d’autres multiplient les initiatives sans lien avec l’objectif commun. Résultat : frustration, perte de temps et inefficacité. 

La promesse de la co-construction est différente. Il ne s’agit pas simplement de coopérer ou de répartir des tâches. C’est apprendre à s’ajuster, à s’aligner et à harmoniser nos efforts pour créer quelque chose de plus grand que la somme des contributions individuelles. 

Explorer le concept de co-construction 

Co-construire efficacement, c’est créer un mode de fonctionnement fluide, aligné et complémentaire. Cela implique : 

• des objectifs collectifs compris et partagés, 

• des rôles clairs et assumés, 

• une synchronisation régulière, 

• et une méthode de collaboration construite ensemble. 

Les recherches sur le développement des équipes montrent qu’aucun groupe ne devient performant du jour au lendemain. Les équipes passent par des phases – formation, confrontation, normalisation, performance – et c’est notre capacité à clarifier, ajuster et fluidifier le fonctionnement collectif qui détermine la progression. 

En d’autres mots, une équipe performante ne naît pas d’un simple regroupement de talents : elle se construit par l’attention portée à la dynamique commune. 

Les causes invisibles des blocages 

Si la co-construction est si précieuse, pourquoi est-elle souvent négligée ? Parce qu’on suppose trop vite que les choses sont claires. On croit que « tout le monde sait », que nos méthodes sont universelles, ou encore qu’un objectif nommé une seule fois suffit à être partagé. 

En réalité, le flou initial se transforme vite en chevauchements, tensions ou retards. Les blocages sont souvent systémiques, liés au manque de règles explicites ou à l’absence de repères communs. Sans attention à ces éléments, l’équipe risque de rester un groupe d’individus travaillant côte à côte, plutôt qu’un collectif qui avance ensemble. 

Trois étapes pratiques pour co-construire efficacement 

1. Poser un cadre clair dès le départ 

Avant d’agir, il est essentiel de nommer deux choses : où allons-nous ? (l’objectif commun) et qui fait quoi ? (les rôles et responsabilités). 

• Reformulez l’objectif avec vos propres mots pour valider qu’il est compris de la même façon par tous. 

• Nommez explicitement votre rôle et vérifiez qu’il est reconnu par l’équipe. 

• Encouragez chacun·e à faire de même. 

Un simple tour de table où chacun·e exprime l’objectif et son rôle peut éviter des semaines de confusion. 

2. S’ajuster aux différences pour créer de la complémentarité 

Chaque membre apporte son rythme, son style de communication et ses préférences. Plutôt que de voir ces écarts comme des irritants, transformez-les en ressources. 

• Identifiez votre propre style et partagez-le (ex. : « J’ai besoin d’un plan détaillé », « Je préfère les échanges courts à l’écrit »). 

• Écoutez celui des autres et adaptez vos comportements : ralentir le rythme, résumer vos propos, laisser de l’espace à ceux qui réfléchissent plus lentement. 

• Voyez ces micro-ajustements comme des clés de fluidité. 

3. Construire une méthode de collaboration explicite 

Même les équipes motivées ont besoin de règles claires : 

• Quel canal de communication utiliser et à quelle fréquence ? 

• Comment prendre les décisions ? 

• Où centraliser l’information ? 

• Comment résoudre un blocage ou une tension ? 

Rédigez ensemble un « code de collaboration » simple et visible. Cela peut être une page affichée dans l’espace partagé ou un document en ligne, à revisiter régulièrement. 

Exemple  

Julie, gestionnaire de projet, a récemment rejoint une équipe interservices chargée de revoir l’accueil des nouveaux employés. Dès la première rencontre, chacun·e s’est lancé dans des actions différentes : un sondage de satisfaction, une refonte des documents internes, une nouvelle formation. Après quelques semaines, le chaos s’est installé : dédoublements, délais et frustrations. 

Julie a alors proposé un exercice rapide : que chacun reformule l’objectif du projet et nomme son rôle en une phrase. Résultat : ils se sont aperçus qu’ils n’avaient pas la même compréhension du but, ni de la répartition des tâches. 

En redéfinissant ensemble l’objectif, en clarifiant les rôles et en établissant un petit rituel de suivi hebdomadaire, l’équipe a retrouvé un véritable esprit de cohésion. Julie résume : « En clarifiant à quoi on travaille et comment on se complète, on a retrouvé un vrai alignement. » 

Co-construire n’est pas une habileté secondaire, mais un levier central de l’efficacité collective. Ce sont les petits gestes – clarifier un rôle, demander une synchronisation, proposer un ajustement – qui transforment un groupe en une équipe harmonieuse et productive. 

Alors, la prochaine fois que vous démarrez un projet collectif, posez-vous cette question simple : que puis-je clarifier, ajuster ou proposer pour faciliter la dynamique commune ? 

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