Activer son agentivité : reprendre sa place dans l’action

Avez-vous déjà eu cette impression de regarder votre vie professionnelle défiler… comme si vous étiez simple spectateur·rice de vos propres journées ? Les réunions s’enchaînent, les décisions se prennent autour de vous, les projets avancent — mais sans que vous ayez réellement l’impression d’y avoir contribué. Cette sensation d’impuissance n’est pas rare. Elle s’installe parfois en silence, jusqu’à faire douter de sa valeur et de son impact. 

Et si ce n’était pas une fatalité ? 

Il existe une posture intérieure qui change la donne : l’agentivité. Elle ne consiste pas à tout contrôler, mais à reconnaître et investir son pouvoir d’action, même limité. C’est ce choix délibéré de reprendre la main sur ses décisions, ses gestes et ses résultats. 

Comprendre l’agentivité : plus qu’une motivation 

L’agentivité, c’est la capacité d’initier une action de manière intentionnelle, de faire des choix libres et d’exercer une influence sur ce qui compte pour nous. Elle se distingue de la motivation (le désir d’agir) et de l’efficacité personnelle (la confiance en sa capacité de réussir). 

Elle s’appuie sur quatre piliers : 

• Une intention claire, reliée à ce que nous valorisons. 

• La perception d’un pouvoir d’action, même dans un cadre imparfait. 

• La flexibilité pour s’ajuster en chemin, au lieu d’attendre le contexte idéal. 

• L’habitude de traduire ses choix en gestes concrets, même modestes. 

Sans agentivité, on adopte une posture d’attente ou de résignation. On se conforme, on compose… ou on s’efface. À long terme, cela fragilise la confiance en soi et érode l’engagement. 

Pourquoi l’agentivité est-elle si fragile ? 

Dans bien des environnements professionnels, les freins s’accumulent : hiérarchie lourde, validation constante, peur de déranger, habitudes d’autocensure. Petit à petit, on passe de l’acteur·rice engagé·e à l’observateur·rice discret·e. On se dit : « Ce n’est pas à moi », « Je n’ai pas l’autorité », « Ça ne changera rien ». 

Pourtant, activer son agentivité, ce n’est pas tout contrôler ni imposer ses idées. C’est reconnaître sa part de légitimité et se donner le droit d’agir là où une marge d’influence existe. 

Trois pratiques pour activer son agentivité 

1. Se donner la permission d’agir 

Bien souvent, nous attendons une validation extérieure avant de nous exprimer. L’agentivité commence par une permission intérieure : « J’ai le droit de contribuer ». 

Exemple : au lieu de rester silencieuse en réunion, une collègue partage une question qui ouvre la réflexion. Ce petit geste change la dynamique et lui redonne une place active. 

Astuce : reformulez vos pensées limitantes. Transformez « Ce n’est pas mon rôle » en « Ma perspective peut éclairer la situation ». 

2. Transformer une intention en geste concret 

Avoir une bonne idée ne suffit pas. Si elle reste au stade de pensée, elle perd de sa force. L’agentivité se construit quand l’intention devient action, même imparfaite. 

Exemple : Élodie, frustrée par des réunions inefficaces, propose simplement un canevas d’ordre du jour. Ce petit pas transforme l’expérience de son équipe… et sa confiance en son pouvoir d’agir. 

Astuce : engagez-vous à poser une micro-action dans les 48 heures qui suivent une intention. L’élan se nourrit de mouvement. 

3. Choisir de ne pas agir… avec intention 

L’agentivité ne consiste pas à s’exprimer à tout prix. Parfois, la posture la plus stratégique est de différer une action. La clé est de le faire par choix réfléchi, et non par retrait subi. 

Exemple : Julien décide de ne pas corriger son collègue en pleine présentation, préférant un retour privé et bienveillant. Son silence devient un geste d’agentivité, car il est assumé et aligné. 

Astuce : avant d’agir, demandez-vous : « Mon intervention sert-elle vraiment mes objectifs ? » 

Activer son agentivité, c’est refuser de s’effacer. Ce n’est pas faire plus, mais agir avec intention et discernement. C’est choisir d’occuper sa juste place dans les décisions, les projets et les résultats. 

Souvenons-nous : chaque geste, même discret, est une manière de réaffirmer notre rôle d’acteur·rice dans ce qui nous concerne. Et parfois, ce sont ces petits gestes assumés qui changent le plus profondément notre sentiment d’efficacité et notre engagement. 

Alors, la prochaine fois que vous vous surprendrez à penser « Ce n’est pas à moi », demandez-vous : et si, justement, c’était à vous de faire le premier pas ? 

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